Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/27

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tout de suite, vint à moi et me dit des choses les plus flatteuses et les plus honnêtes ; le Roi monta sur les remparts et j’allai au-devant de lui par un autre chemin ; dès qu’il m’aperçut, il fit plusieurs pas vers moi, me dit qu’il était charmé de me voir et me proposa de l’accompagner ici, où il allait tout de suite ; vous croyez bien que je ne demandai pas mieux ; le prince de Prusse me prit avec lui dans sa voiture, et, quelque résistance que je pusse faire, il exigea, lui et son gouverneur, que je me misse dans le fond, à côté de lui, et que je me couvrisse.

« Nous arrivâmes à Wesel, où j’eus l’honneur de dîner avec le Roi, les deux princes et deux généraux. De là nous sommes venus ici, où le Roi restera encore deux jours, et le 15 il retournera à Potsdam en passant par Wesel.

« Hier j’eus encore l’honneur de dîner avec lui et avec les mêmes personnes, et vraisemblablement ce sera la même chose aujourd’hui. Il faut que ma conversation ne lui déplaise pas, car pour l’ordinaire il est à peine une demi-heure à table et ces deux jours-ci il y est resté plus de trois heures, dont il en a parlé deux et demie sans manger ; ses domestiques sont tout étonnés de ce changement, et un de ses généraux vient de me dire qu’il lui avait parlé hier de moi avec beaucoup de bonté et de satisfaction. Ce n’est pas tout : hier au soir, entre sept et huit heures, il m’envoya chercher ; il était seul dans son cabinet : « Je ne vous