Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/69

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« À Potsdam, le 25 juillet 1763.

« Je me trouve ici absolument isolé et sans aucune ressource que les bontés dont le Roi continue de me combler. Il est vrai que sans ces bontés, auxquelles il est juste que je réponde, je ne resterais pas un quart d’heure ici. Ce prince si grand et si aimable à tous égards a un grand malheur au milieu de sa gloire, c’est d’être trop au-dessus de tout le reste de la nation et de n’avoir personne ni pour le seconder dans ses travaux infatigables, ni pour le délasser de ses travaux par la conversation. Je m’y emploie de mon mieux et j’ose croire que j’ai gagné son amitié, malgré ma persévérance à résister à ses offres. Il est trop équitable pour ne pas sentir toutes les raisons que j’ai de ne point renoncer à ma patrie et à mes amis, et s’il me regrette, comme il a la bonté de me le dire, ce sera sans se plaindre de moi. Il est vrai que sans être à lui, on ne saurait lui être plus attaché que je le suis, surtout depuis que je suis à portée de voir le fond de ses sentiments pour ma nation. Sa conversation est charmante, gaie, douce et instructive ; vous seriez charmée, vous que les détails de guerre ennuient et doivent ennuyer, de la clarté, de la précision et de la simplicité avec laquelle il en

    ment sur la question de savoir s’il fallait ou non autoriser l’inoculation, avait eu l’esprit de répondre que ce qui regardait la santé n’était pas de son ressort.