Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/83

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dont aucune n’est relative au Roi, et dont la plupart sont relatives à moi seul, ne me permettent pas de fixer mon séjour en ce pays. Le Roi me parle souvent de vous. Il sait vos ouvrages par cœur, il les lit et les relit, et il a été charmé tout récemment de la lecture qu’il a faite de vos Additions à l’histoire générale. Je puis vous assurer qu’il vous rend bien toute la justice que vous pouvez désirer. Le marquis d’Argens me charge de vous faire mille compliments de sa part ; il vous regrette beaucoup, et me le dit souvent ; il n’en fait pas de même de Maupertuis, qui, ce me semble, n’a pas laissé beaucoup d’amis dans ce pays.

« Je ne vous donne aucune nouvelle de littérature, car je n’en sais point ; et vous savez combien elles sont stériles dans ce pays où personne, excepté le Roi, ne s’en occupe.

« Que dites-vous du bel arrêt du Parlement de Paris pour consulter la Faculté de théologie sur l’inoculation, cette même Faculté qu’il a déclarée ne pouvoir être juge en matière de sacrements ? Cette nouvelle sottise française nous rend la fable des étrangers. Il faut avouer que nous ne démentons notre gloire sur rien. »

Si d’Alembert trouvait avec peine le temps d’écrire à Voltaire, il continuait à adresser à Mlle de Lespinasse un petit journal à peu près quotidien, mais à l’enthousiasme des premiers