Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/93

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vingt-quatre heures ; pour moi, je n’en ai nul besoin, car je ne suis pas même fatigué, mais je leur dois cette attention pour l’utilité dont ils m’ont été dans cet abominable pays, où je ne connais ni la langue ni les monnaies, et où, sans eux, j’aurais été volé au centuple, quoiqu’ils n’aient pu empêcher que nous ne l’ayons été en commun par les maîtres de poste et les aubergistes, qui nous ont souvent gîtés bien chèrement et encore plus mal. Je suis ici bien logé pour la première fois et je compte me promener aujourd’hui dans la ville, qui est marchande et peuplée, et partir demain ; mais de vous dire le jour précis de mon arrivée cela est impossible. Je prévois seulement que ce sera tout au plus tôt le 12 et peut-être plus tard, surtout si j’étais obligé de passer à Saverne et de m’y arrêter, ce qui me contrarierait beaucoup ; car j’ai une grande impatience d’arriver.

« Voici le détail de mes adieux au Roi : Ce prince me fit appeler le 25 au soir et me dit qu’il voulait encore causer un moment avec moi, qu’il me regrettait infiniment, qu’il espérait pourtant me revoir encore, et qu’il me priait de lui en donner ma parole ; qu’il me priait aussi de vouloir bien recevoir cette marque de son amitié et de son estime (en me présentant une boîte d’or garnie de son portrait), qu’il en avait infiniment pour moi et encore plus pour mon caractère que pour mes talents, que j’emportais les regrets de tout le monde, etc. Les larmes me vinrent aux yeux, je n’eus