temps dans la mémoire. Du vin que boit le maître avec ses amis… quand il en vient quelqu’un le visiter… et qu’ils veulent se mettre en joie ! Hem ! » Mais voyant que tous ses moyens de tentative étaient inutiles : « C’est vous qui ne voulez pas, dit-elle. N’allez pas ensuite lui dire demain que je n’ai pas fait ce que j’ai pu pour vous donner courage. Je mangerai, moi ; et il en restera encore plus qu’il n’en faut pour vous, quand le bon sens vous reviendra et que vous voudrez obéir. » En disant ces mots, elle se mit avidement à l’œuvre. Lorsqu’elle fut rassasiée, elle se leva, alla vers le coin, et se penchant sur Lucia, elle l’engagea de nouveau à manger, pour se mettre ensuite au lit.
« Non, non, je ne veux rien, répondit celle-ci d’une voix faible et comme endormie. Puis, d’un ton plus animé, elle reprit : La porte est-elle fermée ? bien fermée ? » Et après avoir regardé autour d’elle dans la chambre, portant ses mains en avant, d’un pas craintif, elle allait vers cette porte.
La vieille y courut avant elle, mit la main sur le verrou, le secoua et dit : « Entendez-vous ? Voyez-vous ? Est-ce bien fermé ? Êtes-vous contente maintenant. ?
— Oh ! contente ! Moi contente ici ! dit Lucia, en se remettant dans son coin. Mais le bon Dieu sait que j’y suis.
— Venez vous coucher. Que voulez-vous faire là par terre comme un chien ? A-t-on jamais vu refuser ses aises quand on peut les prendre ?
— Non, non, laissez-moi tranquille.
— C’est vous qui le voulez. Voyez, je vous laisse la bonne place ; je me mets sur le bord ; je serai mal à l’aise pour vous. Si vous voulez venir vous mettre au lit, vous savez comment vous devez faire. Rappelez-vous que je vous en ai priée bien des fois. » Cela dit, elle se fourra tout habillée sous les couvertures ; et il n’y eut plus que silence.
Lucia se tenait, immobile dans ce coin, toute ramassée sur elle-même, les