Page:Alessandro Manzoni - Les fiancés, trad. Montgrand, 1877.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un semblable fait. Au reste, du rapprochement d’autres dates dont l’exactitude nous paraît, comme nous venons de le dire, mieux établie, il résulte que ce fait eut lieu avant la publication de l’ordonnance sur les bullette ; et si la chose en valait la peine, on pourrait même prouver, ou à peu près, que ce dut être dans les premiers jours du mois où cette ordonnance parut ; mais sans doute le lecteur nous en dispense.

Quoi qu’il en soit, ce malheureux fantassin, porteur de tant de maux, entra dans la ville avec un gros paquet de hardes provenant, par achat ou par vol, de soldats allemands ; il alla loger dans une maison qu’habitaient ses parents, au faubourg de Porte-Orientale, près les Capucins. Dès son arrivée, il tomba malade ; il fut porté à l’hôpital ; là un bubon qu’on lui trouva sous l’une des aisselles fit soupçonner ce que son mal pouvait être ; le quatrième jour il mourut.

Le tribunal de santé fit consigner et séquestrer dans leur maison les parents de cet homme ; ses habits et le lit où il avait couché à l’hôpital furent brûlés. Deux infirmiers qui l’y avaient soigné et un bon religieux qui lui avait prêté le secours de son ministère, tombèrent malades sous peu de jours, tous les trois de la peste. Le soupçon que l’on avait eu là, dès le principe, sur la nature du mal, et les précautions que l’on avait prises en conséquence firent que la contagion n’y alla pas plus loin.

Mais le soldat en avait laissé hors de l’hospice un germe qui ne tarda pas à se développer. La première personne sur qui s’en montrèrent les atteintes fut