d’une manière extraordinaire, et il se tint à distance ; car, avec ce qui se passait, tout va-nu-pieds du coin des rues avait appris à se faire, comme on dit, l’œil médecin.
« Ne va pas me croire malade, dit don Rodrigo, qui lut dans la manière de faire du Griso la pensée qui lui passait par l’esprit. Je me porte on ne peut mieux ; mais j’ai bu, j’ai bu peut-être un peu trop. Il y avait un certain vin de Vernaccia !… Mais un bon somme va faire passer cela. Je me sens grand besoin de dormir… Ôte-moi de devant les yeux cette lumière qui m’aveugle… c’est singulier comme elle me fatigue.
— Ce sont des tours de la Vernaccia, dit le Griso, en s’écartant toujours plus. Mais couchez-vous tout de suite, le sommeil vous fera du bien.
— Tu as raison : si je peux dormir… Du reste, je me porte bien. Mets toujours ici cette sonnette, afin que si par hasard cette nuit, j’avais besoin de quelque chose… Et fais bien attention de m’entendre, s’il m’arrivait de sonner. Mais je n’aurai besoin de rien… Emporte-donc vite cette maudite lumière, reprit-il ensuite, tandis que le Griso exécutait l’ordre en s’approchant le moins possible. Diable ! d’où vient donc qu’elle m’incommode à ce point ? »
Le Griso prit la lampe, et, après avoir souhaité bonne nuit à son maître, il s’empressa de sortir, pendant que celui-ci s’enfonçait sous la couverture.
Mais la couverture lui sembla une montagne. Il la jeta au loin, et se blottit en rond pour dormir ; car, en effet, il mourait de sommeil. À peine cependant avait-il fermé l’œil qu’il se réveillait en sursaut, comme si on l’eût brusquement secoué ; et il sentait sa chaleur augmentée, son agitation devenue plus grande. Il recourait par la pensée au mois d’août, à la Vernaccia, à la débauche du soir ; il aurait voulu pouvoir s’en prendre à tout cela de ce qu’il éprouvait ; mais à ces idées se substituait toujours d’elle-même l’idée qui alors se liait à