à sa compagne un seul mot, ni de ses fiançailles, ni de ses autres aventures extraordinaires. Mais maintenant, au milieu des sentiments qui l’oppressaient, elle avait au moins autant besoin de se soulager, en en parlant, que l’autre pouvait avoir de désir de l’entendre ; et lui serrant la main dans les siennes, elle entreprit aussitôt de satisfaire à sa demande, sans rien cacher et ne s’arrêtant qu’autant qu’elle y était obligée par ses sanglots.
Renzo cependant marchait en grande hâte vers le quartier du bon religieux. Avec un peu d’étude, et non sans avoir à refaire quelques parties de son chemin, il finit par y arriver. Il trouva la cabane, n’y trouva pas le père ; mais, en rôdant et cherchant aux environs, il l’aperçut dans une baraque où, courbé jusqu’à terre, il donnait les dernières consolations de son ministère à un mourant. Renzo s’arrêta et attendit en silence. Peu après il vit le père fermer les yeux à ce malheureux, puis se mettre à genoux, prier un moment dans cette altitude et enfin se lever. Alors il s’avança vers lui.
« Ah ! dit le religieux en le voyant venir, eh bien ?
— Elle y est : je l’ai trouvée !
— Dans quel état ?
— Guérie, ou du moins hors du lit.
— Dieu soit loué !
— Mais… dit Renzo, lorsqu’il lui assez près de lui pour pouvoir lui parler à demi-voix, il y a un autre imbroglio.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Je veux dire que… Vous savez comme cette pauvre fille est bonne ; mais quelquefois elle est un peu tenace dans ses idées. Après tant de promesses, après tout ce que vous savez, voilà qu’elle prétend qu’elle ne peut pas m’épouser, parce qu’elle dit, que sais-je ? que dans cette nuit de sa grande peur, elle s’est monté la tête et s’est, comme on disait, vouée à la sainte Vierge. Ça n’a pas de bon sens, n’est-ce pas ? Ce sont choses bonnes pour qui a la science et le jugement qu’elles demandent ; mais pour nous, pauvres gens qui ne savons pas bien comment elles doivent se faire… n’est-il pas vrai qu’elles sont sans valeur ?