conter son histoire et elle en jugera. Dans ce moment, les faits étant déjà anciens, personne ne l’inquiète ; et, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, il compte quitter le duché, mais plus tard, soit en revenant ici, soit de quelque autre manière, on ne sait ce qui peut arriver, et Votre Seigneurie m’apprendrait, au besoin, qu’il vaut toujours mieux n’avoir pas son nom couché sur certains livres. Monsieur le marquis jouit à Milan de tout le crédit qui est dû à un homme de si haute condition et tout à la fois d’un si éminent mérite… Non, non, laissez-moi le dire, la vérité doit trouver sa place. Une recommandation, un mot d’un personnage tel que Votre Seigneurie, c’est plus qu’il n’en faut pour obtenir une belle et bonne absolution.
— On n’en veut pas trop à ce jeune homme ?
— Non, non, je ne pense pas. On l’a poursuivi dans le premier moment, mais je crois que maintenant ce n’est plus qu’une affaire de forme.
— Cela étant, la chose sera faite, et je m’en charge volontiers.
— Et vous ne voulez pas que je dise que vous êtes un homme d’un mérite éminent ? Je le dis et je veux le dire, et je le dirai malgré vous. Et lors même que je me tairais, cela ne servirait de rien, parce que tous parlent de même, et vox populi, vox Dei. »
Ils trouvèrent, selon leur conjecture, les trois femmes et Renzo réunis. Je vous laisse à juger ce que ceux-ci éprouvèrent d’étonnement. Pour moi, je crois que même ces murailles nues et rustiques, même les portes, les tables et tous les ustensiles du logis s’émerveillèrent de recevoir une semblable et si extraordinaire visite. Le marquis entama la conversation en parlant du cardinal et des autres choses qui intéressaient nos pauvres gens, ce qu’il fit avec une franche cordialité et en même temps avec une délicate réserve là où pouvaient la commander les convenances. Puis il en vint à la proposition qui l’amenait. Don Abbondio, invité par lui à fixer le prix, s’avança, et après quelques