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DONATELLO.

plus grands de tous et vraiment le digne rival de Donato, elle se traduit par la même âpreté dramatique, les mêmes fiers et concentrés accents.

Et que d’autres se groupent autour de notre maître, qui, sans lui, eussent sans doute suivi des chemins tout différents ! Il suffit de nommer Nanni di Banco, Rossellino, Benedetto da Majano, Civitale, Sansovino, etc. Tous ont leurs beautés, tous ont édifié leur monument superbe, pas un ne s’est dérobé au devoir que Donatello leur avait tracé : d’ajouter à une forme châtiée, la préméditation d’un sentiment. Et lorsque vint Michel-Ange, il ne resta comme ressource nouvelle que le gigantesque ; mais l’intense avait pris les devants.


Donatello fit d’autres œuvres en nombre à Padoue, une délicieuse série d’anges musiciens, figures cette fois isolées, un crucifix, des statues de saints, un devant d’autel, etc. Toutes ces choses superbes y sont conservées pour la plus grande joie de la pensée.

Il n’aurait tenu, comme nous l’avons dit, qu’à l’artiste de se fixer dans cette ville, d’y chercher et d’y obtenir les honneurs et les profits. Mais quoi que l’on en pense, le haut bon sens, le bon sens supérieur, celui qui épouse étroitement les lois de la vie et de la pensée, ne se caractérise pas par la satisfaction placide et les tendances sédentaires. Bien au contraire, la vie étant une puissante évolution, il évolue sans cesse avec elle, et c’est l’étroite et basse caricature du bon sens qui demeure en place,