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DONATELLO.

teur aurait eu bonne envie de dénommer des décadents.

Or, les Vénitiens sont des sortes de réalistes lyriques qui ont créé un art entièrement nouveau et entièrement différent de celui de l’époque de Michel-Ange, et la leur mérite à ce point de vue et à divers autres d’être tout aussi bien nommée un « âge d’or ». L’époque et l’art de Michel-Ange à leur tour, essentiellement différents de ceux de Donatello et des contemporains de celui-ci, n’ont pas plus de titres à la dénomination d’âge d’or, car ces derniers étaient arrivés à un degré de perfection et de force déjà aussi grand. Il est, pour cette raison, également impossible d’admettre pour Donatello et pour les grands artistes de son temps le nom de Primitifs, à moins qu’il ne soit bien entendu que c’est une simple étiquette, une sorte de formule mnémotechnique. Encore est-il bon que les étiquettes ne prêtent point à des équivoques. Pour Donatello en particulier, spécimen merveilleux de volonté et de savoir, elle convient encore moins que pour maint autre.

À la rigueur on pourrait considérer comme des primitifs de la statuaire italienne, les deux maîtres admirables qui s’appellent Nicolas de Pise et son fils Jean. Dans leurs œuvres règne encore cette espèce de délicieuse et candide gaucherie des grands artistes d’initiative, qui ne se débarrassent qu’avec peine des formules hiératiques imposées par un dogme, par une tradition rigoureuse à laquelle pendant des siècles nul ne put se soustraire.