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DONATELLO.

Ce débat, d’ailleurs, n’a plus toute l’importance qu’on aurait pu attacher jadis. À proprement parler, il n’y a point de Renaissances, car cela supposerait des arrêts et des recommencements. Il n’y a qu’une évolution continue, infiniment lente, à peu près égale, bien que ses aspects offrent de la diversité. Nous pouvons, pour notre commodité, en baptiser de tels ou tels noms des divisions artificielles. Mais il doit être entendu que ces appellations de « renaissances » ou de « décadences » et même d’« antiques » et de « modernes » sont aussi arbitraires, aussi conventionnelles que la division de l’histoire en périodes égales de cent années, autrement dit en siècles. Sans cela, on éprouverait toute sorte de difficultés à faire rentrer dans les catégories, s’accorder avec les appellations générales la plupart des cas particuliers.

Cet embarras est fort sensible dans un travail considérable, émanant d’un des érudits les plus justement estimés de notre époque, M. Eugène Muntz, qui a précisément consacré à la « Renaissance » un des ouvrages les plus importants et les plus utiles qui soient.

Établissant des divisions artificielles dans la grande division artificielle couramment nommée Renaissance, ce savant historien l’a partagée en trois tranches : les Primitifs, l’Âge d’or, et… la Fin. Mais il se trouve que Donatello, par exemple, est considéré comme un primitif, que Michel-Ange est une des merveilles de l’âge d’or, et que les grands Vénitiens sont « des artistes de la fin », visiblement ce que l’au-