Page:Alexandre - Donatello, Laurens.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II


On ne peut pénétrer dans l’œuvre et dans la carrière de Donatello sans se sentir saisi d’une émotion vive et d’une nature particulière. Les créations de cet esprit et de cette main sont parmi celles qui, dans tout l’immense répertoire de l’art, s’emparent le plus brusquement de l’imagination et de la mémoire. Leur souvenir va jusqu’à l’obsession, comme celui de certaines créatures que l’on connut vivantes, qu’on aima, qui disparurent, et, à partir de ce moment, continuèrent de vivre gravées en nous.

Figures guerrières et figures bibliques ; contemporains promus ou comme condamnés à la dignité d’apôtres ; enfants maigres, sauvages et gracieux, jouant sans se lasser et sans nous lasser le rôle de saint Jean-Baptiste ; jeux éperdus d’autres enfants en rondes et en farandoles, mêlant leur turbulence en pleine église aux plus austères idées et aux plus graves images ; Judith tragique comme une divinité d’Eschyle ; tout cela, pour ainsi dire, saute aux yeux et au cœur, et, grâce à l’étrange, à l’unique solidité de la construction, chaque fois revu, procure une impression aussi vive. Nous chercherons à analyser plus loin de quelle âpre joie et de quelle fière tristesse ces êtres sont empreints. Mais ce que nous voulons tout de suite