Page:Alexandre - Donatello, Laurens.djvu/22

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noter, c’est que l’œuvre de Donatello marche précédée de la surprise.

Cette idée ne s’atténue pas lorsqu’on étudie la vie et le caractère de l’artiste. Cette vie est en apparence et littéralement unie et tranquille. Ce caractère est ingénu et simple. Ne vous y trompez pas trop : la vie est pleine d’inquiétude et toute dévorée d’ardeur, pour qui se donne un peu la peine de l’interpréter et de la rapprocher de l’œuvre. Le caractère se révèle par éclairs, et il m’est impossible de prendre pour des exemples de bonhomie certains traits qui ont presque toujours fait sourire, je ne sais pourquoi, ceux qui les ont enregistrés.

L’enfance, d’abord, commence en plein drame. Ou, pour mieux dire, en plein milieu de drame. Donato di Niccolo Betto Bardi avait pour père un cardeur de laine, qui, exilé de Florence au moment de la révolte des Ciompi, alla trouver à Pise, puis à Lucques, un asile à son humeur tragique et à sa violente destinée. Niccolo, à la suite de nouvelles conspirations, fut condamné à avoir la tête tranchée et le jugement le poursuivait jusque dans ses descendants. Cette sentence heureusement fut réformée ; l’artisan fut gracié (1380).

Le petit Donato n’était pas né encore, notre Donatello (il naquit en 1380). Mais il faudrait bien peu connaître le caractère italien pour penser que la grâce de son père avait apporté son assagissement. Donatello dut entendre des paroles sombres, savoir des récits tumultueux, et, pour être dérivée vers d’autres objets, son activité n’en garda