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DONATELLO.

Michelozzo, que nous devons étudier plus spécialement, car il est d’une grande importance dans la carrière de Donatello, en même temps que d’une beauté incomparable : c’est la décoration de la chaire extérieure à la cathédrale de Prato. On peut dire sans exagération que c’est une des créations les plus délicates, les plus spirituelles et les plus harmonieuses de tout l’art italien. C’est cependant une chose bien simple dans si sobre opulence : une ample chaire circulaire appliquée contre un des angles de l’édifice, supportée par un pilastre et surmontée d’un auvent conique. Mais dire la finesse, le goût qui règnent dans les moindres linéaments de l’agencement est chose impossible. Il y faudrait un livre, et le livre ne vaudrait pas un simple coup d’œil jeté sur l’œuvre ou même sur sa photographie. Voir l’œuvre en place est un enchantement. Rien que la proportion, la hauteur où elle a été si justement placée, l’ambiance, l’atmosphère même qui semblent avoir été des éléments de collaboration voulus, tout cela est merveilleux.

Les bas-reliefs d’enfants joueurs dont Donatello a décoré l’ouvrage sont parmi les chefs-d’œuvre de la verve humaine. Leur vie turbulente, leurs groupements d’une composition extraordinaire, leur brillante forme, l’animation de leur expression, tout cela est non seulement égal, mais supérieur à tout ce que l’art antique nous a laissé en ce genre, et qui avait pu fournir un point de départ à notre sculpteur. Ces petits personnages bruyants, lumineux, lisses comme de la chair saine, dansant, chantant, jouant