Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/171

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et une fière colline se dressa, et le roi put de cette hauteur contempler avec joie et la plaine couverte de tentes blanchissantes, et la mer où couraient ses nombreux vaisseaux. Ainsi moi, apportant par pauvres poignées mon tribut journalier à ce caveau, j’ai aussi dressé ma colline, et de sa hauteur je puis aussi contempler tout ce qui m’est soumis. Qu’est-ce qui ne m’est pas soumis ? D’ici je puis gouverner le monde comme un esprit d’en haut. Je n’ai qu’à vouloir, et de splendides palais s’élève ont. Les nymphes accourront en troupes folâtres dans mes jardins magnifiques ; les Muses m’apporteront leurs offrandes, le libre génie demandera à devenir mon esclave, et la vertu, et le travail avec ses veilles attendront humblement de moi leur récompense. Je n’aurai qu’à siffler, et le crime ensanglanté entrera en rampant, obéissant et craintif, et me léchera la main, et me regardera dans les yeux pour chercher à y lire ma volonté. Tout est soumis à moi, moi je ne le suis à rien, car je suis au dessus de tout désir. Je suis calme, je sais ma force, et cette conscience me suffit. ({{Didascalie|Il regarde