Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/173

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mes coffres, j’éprouve un frisson de chaud et de froid. Ce n’est pas de la crainte (oh ! non, qui pourrais-je craindre ? j’ai là mon épée, et le loyal acier me répond de mon or) ; mais je ne sais quel indéfinissable sentiment m’oppresse le cœur. Les médecins nous assurent que des gens trouvent un charme étrange dans l’assassinat. Quand j’introduis ma clef dans la serrure, je ressens ce qu’ils doivent ressentir en enfonçant le couteau dans la victime. C’est à la fois terrible et délicieux. (Il ouvre le coffre.) Voilà ma félicité ! (Il y jette la poignée d’or.) Allez, vous. C’est assez errer par le monde, assez servir aux passions et aux besoins des hommes. Endormez-vous ici du sommeil de la force et du calme éternel, comme dorment les dieux dans les cieux profonds….

Je veux aujourd’hui m’arranger une fête. Je vais allumer une torche devant chacun des coffres, et je les ouvrirai tous, et je repaîtrai mes regards de tous ces monceaux éblouissants. (Il allume des torches, et ouvre successivement tous ses coffres.)

Je règne… quel éclat magique ! quel empire !