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MOZART ET SALIERI.

mant. Ma foi, je n’ai pu résister, et je t’amène cet artiste pour qu’il te régale de son savoir-faire. — Entre, toi ! (Entre un vieillard aveugle, avec un violon.) Voyons, joue-nous quelque chose de Mozart.

(Le vieillard joue un air de Don Giovani ;
Mozart rit aux éclats.)
Salieri.

Et tu peux rire ?

Mozart.

Pourquoi ne ris-tu pas ?

Salieri.

Non, je ne ris pas quand un méchant peintre d’enseignes me barbouille la Madone de Raphaël ; je ne ris pas quand un misérable baladin ose insulter à Dante par une parodie. — Va-t’en, vieillard.

Mozart.

Attends donc. Prends cela ; bois à ma santé. (Le vieillard sort.) Tu n’es pas de bonne humeur aujourd’hui, Salieri ; je reviendrai une autre fois.

Salieri.

Que m’apportais-tu ?