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Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/81

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Je ne frapperai pas d'une disgrâce tardive un mensonge fait dans le passé} mais si tu t'avises de ruser aujourd'hui avec moi, je te le jure par la tête de mon fils, un supplice terrible te frappera, un tel supplice que le tzar Ivan luimême en frémira d'horreur dans son tombeau.


CHOCÏSKI.

Je ne crains pas le supplice, je crains ta disgrâce. Oserais-je ruser avec toi ? Aurais-je pu me tromper assez grossièrement pour ne pas reconnaître Dmitri ? Pendant trois jours, accompagné de tous les habitants d'Ouglitch, j'ai visité son corps exposé à l'église. Treize cadavres étaient couchés autour du sien, de gens que le peuple avait déchirés, et la décomposition s'y voyait clairement, tandis que le visage enfantin du tzarévitch restait serein, calme et frais, comme s'il eût dormi. La profonde blessure ne noircissait pas, et les traits de son visage, je le répète, n'étaient pas du tout altérés. Non, tzar, il n'y a nul doute possible : Dmitri dort dans son tombeau,

BORIS.

C'est assez ; éloigne-toi. (Chouiski sort.) Oh !