« Si on laisse vivre Codréan un seul été encore, il ne restera plus de Turcs dans le pays. Oh ! mon prince, mon seigneur, n’accorde point sa grâce à ce brigand, car il est homme à enlever la princesse ta femme, et à incendier ta capitale, et à prendre ta tête. »
Le prince frémit et fait un signe au bourreau ; mais Codréan, l’homme intelligent et expérimenté, aperçoit le signe fatal et s’écrie :
« Oh ! mon prince, n’ajoute pas foi aux paroles perfides des étrangers, car ils complotent contre tes jours ; mais si je dois mourir, accorde-moi du moins le temps de faire la paix avec Dieu ; permets-moi de confesser mes péchés et de me préparer à la mort, après avoir entendu la messe des trépassés de la bouche du prêtre Macarie. »
Le prince reste pensif un instant, puis fait un signe à l’huissier ; les portes s’ouvrent devant Codréan.
Codréan, le boutouk aux pieds, écoute, au milieu de l’église, la messe dite par le prêtre Macarie ; il s’humilie et dit d’une voix repentante :
« Oh ! mon père ! que ta sainteté prenne pitié de mes souffrances ; détache un instant mes mains pour que je puisse faire le signe de la croix ; hélas ! je voudrais avant de mourir, prier Dieu et remplir mes devoirs de chrétien. »
Le bon prêtre détache la main droite du brigand ; soudain celui-ci tire de son sein un bijou de paloche ; il