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À M. J. MICHELET




Octobre 1853


Monsieur,

Une des plus poignantes douleurs de l’exil, pour nous autres Roumains, c’est de voir combien peu connue est notre infortunée patrie. Son histoire, ses coutumes, ses mœurs, les services qu’elle a jadis rendus à la cause de la civilisation, ses souffrances depuis plus d’un siècle, le peu de droits qu’elle a pu conserver comme nation au prix de tant de sacrifices, la vitalité qui est encore en elle, les qualités dont la Providence semble l’avoir douée, sans doute pour l’accomplissement d’un but élevé ; tout cela, pour la plupart des hommes, même les plus éclairés de l’Europe,