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veau baisé la main ; le prince la reconduisit jusqu’à la porte.

« As-tu tout disposé ? demanda-t-il avec empressement à l’intendant des prisons qui venait d’entrer.

— Tout.

— Viendront-ils ?

— Ils viendront. »


III


« La tête de Motzok ! nous voulons la tête de Motzok ! »


On avait fait savoir la veille à tous les boyards que le prince irait le lendemain entendre la messe à la cathédrale ; on les invitait, en son nom, à s’y rendre aussi, et après l’office, à venir dîner au palais.

Lorsque le prince arriva à l’église, la messe était déjà commencée, les invités s’y trouvaient tous.

Contre son habitude, Lapuchneano était vêtu avec toute la pompe princière. Il portait la couronne des Paléologues ; par dessus le dolman polonais en velours écarlate il avait la cabanitza turque. Pour toute arme il avait un poignard à manche d’or ; entre les boutons de son dolman, l’on apercevait une cuirasse en fils d’argent.

La messe finie, il descendit de sa stalle et alla baiser les images en se signant à plusieurs reprises. Arrivé devant la châsse du saint Jean le postérieur, il s’inclina avec plus d’humilité encore et en baisa pieusement les reliques. Les assistants remarquèrent qu’en ce moment le prince était fort pâle, et plusieurs d’entre eux crurent