Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/149

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groupes se formèrent pour délibérer sur ce qu’on demanderait au prince. Enfin plusieurs voix crièrent de différents côtés :

« Qu’il diminue les impôts ! — Plus de corvées, plus de redevances !

— Qu’on ne nous opprime plus, qu’on ne nous dépouille plus !

— Nous sommes ruinés, nous n’avons plus d’argent ! — Motzok nous a tout pris. Motzok ! Motzok ! c’est lui qui nous dépouille ; c’est lui qui donne des mauvais conseils au prince. Qu’il meure !

— Qu’il meure, oui, qu’il meure ! Nous voulons la tête de Motzok ! »

Ces dernières paroles, qui répondaient au sentiment général, furent comme une étincelle électrique. Toutes les voix s’unirent pour ne former qu’un cri : Motzok ! nous voulons la tête de Motzok !

« Eh bien ! qu’y a-t-il, que veulent-ils ? demanda le prince à l’intendant le voyant venir ?

— La tête du vornic Motzok.

— Comment ? qu’est-ce ? s’écria celui-ci en faisant un bond comme s’il avait marché sur un serpent, tu as mal entendu, ami, ou si tu veux rire, tu choisis mal ton temps. Que signifient ces paroles ? qu’ont-ils à faire avec ma tête ? Non, ce n’est pas possible, tu es sourd, te dis-je, tu as mal entendu.

— Au contraire, dit le prince, c’est qu’il a très-bien entendu. Écoute plutôt toi-même, d’ici tu peux distinguer leurs cris. »

Et, en effet, les soldats résistant faiblement, n’avaient pu empêcher le peuple d’escalader les murs du haut desquels il criait à tue-tête :