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III

LE BRIGAND ET LA NONNE


Là-haut, sur la montagne, dans le jardin du couvent, certaine jolie nonne pleure et soupire chaque nuit après les bonheurs de ce monde :

« Depuis ma plus tendre enfance, dit-elle, je suis oubliée de tous les miens ; et mes parents m’ont abandonnée sans pitié dans un désert !

« Innocente ! je fus condamnée et punie dès le jour de ma naissance, hélas ! et je me sentis privée pour toujours des joies de ce monde !

« Passant ma vie dans une éternelle amertume, mes yeux pleurent, mon âme gémit sans cesse, et, pareille au fruit qui tombe de l’arbre, je sens ma vie s’éteindre dans sa fleur.

« Ah ! puissé-je voir à l’heure même le terme de ces jours de douleur ! Vienne la mort que j’attends comme une douce consolation !

— Qu’oses-tu souhaiter, ô ma sœur chérie ? dit tout à coup le brigand de la forêt. Comment ! toi, dont les