Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/37

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vœu s’accomplisse avant ton départ d’ici, ô croissant bien-aimé. »

Voilà qu’un bel étranger passant dans la sombre vallée entendit la voix de la jeune fille et vint s’arrêter en face d’elle.

Doux étaient les yeux, douce était la figure, douce aussi était la voix de cet étranger, car la nuit fut bientôt passée, et l’aurore trouva la belle enfant toute joyeuse.

Trois jours après elle portait à son cou un collier de superbes ducats ; elle avait sur les cheveux un voile blanc ; mais, hélas ! plus de fleurs roses sur ses joues.

Trois jours après, le croissant s’effaça du ciel, et, comme lui, le bel étranger disparut. La pauvre fille s’assit au bord du chemin, et le regretta beaucoup et pleura beaucoup après lui.

Trois jours après, là-bas, dans la vallée, il ne restait plus que son tombeau, et bien longtemps on entendait une voix plaintive passer dans le vent de la nuit et répéter avec douleur :

« Toi, qui vas gaiement sur la colline pour confier les secrets de ton âme au croissant de la lune, ô pauvre jeune fille, fuis à la tombée de la nuit, fuis le bel étranger à la voix caressante. »