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V

LA JEUNE MAGHIARE


Que de larmes amères, que de larmes de regret répandent deux beaux yeux au delà de la frontière ! Comme il palpite, comme il soupire, un pauvre cœur dévoré de tourments, non loin d’ici, dans le pays voisin !

Ils sont beaux ces yeux comme des yeux du paradis ; ils sont doux comme le soleil de mai. Fier est aussi le cœur qui gémit, car il s’agite dans le noble sein d’une jeune Maghiare comme une bête fauve dans sa cage.

Frère ! si tu avais les ailes de l’oiseau ou celles du vent pour parcourir le monde, tu ne trouverais nulle part, ni aux rayons brillants du soleil, ni dans la fraîcheur des ombres, une fleur aussi belle que la jeune Maghiare.

Son sein a la douce blancheur du lis, et cependant il exhale des soupirs douloureux ; ses yeux noirs sont pleins d’une flamme ardente, et cependant, hélas ! ils fondent en pleurs sur sa blonde figure comme des nuages de pluie.

Car un célèbre prince de la Romanie a traversé les montagnes, envahi la Hongrie et réduit à l’esclavage