Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/68

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les montagnards et descendre dans la vallée parmi les habitants de la plaine ; dusses-tu traverser neuf grands pays et franchir neuf océans immenses, tu ne trouverais pas de fleur, pas d’oiseau, pas de jeune femme charmante, pas d’adorable jeune fille qui puisse se comparer à Mariora Floriora, la fée des montagnes.

Elle était blanche comme la fleur argentée du muguet, douce comme le printemps, svelte et gracieuse comme le petit du chevreuil. Sa taille flexible passerait dans une bague. Elle n’était ni grande ni petite, mais elle possédait des trésors de beauté, des promesses de voluptueux bonheur, et semblait moulée exprès pour les étreintes passionnées de l’amour.

Ses yeux répandaient la joie dans le monde ; sa chevelure dorée et fine comme de la soie attiraient irrésistiblement les regards et brillaient sur son front en molles ondulations pareilles aux ondulations des épis dorés quand le vent souffle dans les guérets.

Et puis, ô mon frère ! elle portait une fleur rose sur les lèvres, et sa bouche était un écrin de blanches perles, et sa figure un bouquet de mille charmes attrayants. Elle possédait en outre deux beaux lis couronnés chacun d’une fraise vermeille, si blancs tous deux, si divins qu’on aurait donné volontiers sa vie pour les caresser une seule fois.

Lorsque la jeune fée se montrait dans la plaine, les fleurs s’animaient gaîment, se balançaient avec amour devant elle en exhalant les parfums cachés dans leurs calices et lui parlaient ainsi :

« Sois la bienvenue, chère petite sœur, Mariora Floriora. Dis-nous ce que tu veux ; confie-nous tes désirs. Veux-tu des parfums de Sulcina, qui ont le don de