Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/69

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calmer les passions ardentes ? Désires-tu des parfums de basilic dont le pouvoir mystérieux attire les amants ? Veux-tu des parfums de muguet qui font rêver d’amour ?

« Cueilles-nous, ô sœur chérie ! pour nous enlacer dans tes cheveux et pour nous cacher dans ton sein. Nous serions si heureuses de caresser tes boucles soyeuses, et de terminer notre destinée sur ton beau sein ! »

Mariora se rendait à leurs vœux ; elle se plaçait sur l’herbe à côté d’elles, les caressait doucement, leur donnait de doux baisers, puis les mêlait à ses cheveux et s’en parait si gracieusement que les passants, émus à son aspect, s’arrêtaient en disant : « Voici la fée, la sœur chérie des fleurs ! »

Lorsqu’elle allait visiter les montagnes, les vieux Carpathes rajeunissaient tout à coup ; ils se couvraient de mousse verte, ils épuraient le cristal de leurs sources, ils éveillaient les oiseaux de leurs forêts et disaient à la jeune fée :

« Salut à toi, belle Mariora Floriora ! Dis-nous ce que tu veux ; confie-nous tes désirs. Veux-tu de l’eau pure et cristalline pour rafraîchir ta figure gracieuse ? Désires-tu jouer avec les petits des chevreuils, ou bien entendre le chant des oiseaux harmonieux ? Veux-tu goûter le miel de nos abeilles et connaître le charme de nos doïnas d’amour ? »

La fée se rendait à leurs vœux. Elle s’asseyait aux bords des ruisseaux murmurants ; elle plongeait sa figure gracieuse dans le frais cristal de l’onde ; elle goûtait le miel parfumé des abeilles ; elle jouait avec les petits des chevreuils, et son cœur était ravi par les chants des oiseaux qui voltigeaient sur la cime des