Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et beaucoup plus riche ; il est à toi, je te le donne pour toujours ; à toi les fruits de mon jardin, à toi, la fleur de mon âme. »

L’étranger, transporté de joie à ces mots, prit la fée dans ses bras, la pressa tendrement sur son cœur, et lui répondit avec amour :

« Ah ! dès ce moment je mets un terme à mes courses à travers le monde, et j’attache mon cheval à ta porte pour me fixer auprès de toi et te consacrer toute ma vie. »

Floriora l’écoutait avec ivresse ; sa poitrine se soulevait d’émotion, son front se couvrait d’une auréole lumineuse et ses yeux nageaient dans des larmes de bonheur, pendant que le coursier hennissait doucement et livrait sa crinière aux caresses de la charmante fée des montagnes.


III


Les ombres de la nuit s’étendaient sur le monde et l’enveloppaient de mystère, lorsque apparut soudain au sommet de la montagne un point lumineux qui grandit lentement et prit la forme du soleil nocturne ; c’était la lune elle-même, douce et radieuse comme le front d’une heureuse fiancée.

Elle s’arrêta un instant à l’horizon pour regarder au fond de la plaine silencieuse deux ombres qui s’embrassaient avec amour et qui oubliaient le monde au sein de leur enivrement. La lune prit un plus doux éclat à cette vue et fit signe aux étoiles de la suivre ; soudain les astres lumineux se montrèrent au sommet