Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/74

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de la montagne et fixèrent leurs regards sur les deux ombres bienheureuses.

Mais à l’heure de minuit, ces ombres disparurent comme par enchantement ; alors la lune, poursuivant sa course dans le ciel, déclina lentement derrière les cimes des Carpathes, pendant que les étoiles, brillant d’un plus vif éclat, se parlaient ainsi :

« Fleurs errantes et lumineuses, avez-vous vu de vos yeux, là-bas sur la terre silencieuse, avez-vous vu la fée des montagnes aux bras de son amant ? Elle avait si bien oublié le monde dans l’extase de son amour, qu’elle ne nous a pas même aperçues.

« Où donc se sont cachés nos deux amants ? Voulez-vous, mes sœurs, que nous allions les découvrir ? Montons un peu plus haut dans le ciel, du côté de l’occident, et passons devant la petite fenêtre de cette chaumière perdue là-bas dans la plaine. »

Les étoiles prirent gaiement leur volée dans le ciel, se dirigèrent vers l’occident, s’arrêtèrent en face de la petite fenêtre, et leurs regards pénétrèrent dans l’intérieur de la chaumière. Ce qu’elles y virent, nul ne le sait ; mais tout à coup elles brillèrent d’un éclat ardent, puis elles s’éloignèrent dans l’espace en entrelaçant amoureusement leurs rayons.

Aux premiers rayons de l’aurore, lorsque les oiseaux commencent à chanter, la fée s’éveilla comme d’un rêve aux bras de son amant qui la pressait tendrement sur son cœur et lui donnait de doux baisers, tantôt sur ses joues roses, tantôt sur ses lèvres vermeilles, tantôt sur les ondulations de ses cheveux dorés, tantôt sur les divins contours de son beau sein.

Heureux amant ! il nageait dans une voluptueuse