Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/90

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Trois blanches vierges, belles, élancées et plus brillantes que l’étoile de Vénus.

Toutes les trois tournoyaient légèrement dans une hora joyeuse, et leur douce voix chantait ainsi :

« Toi, qui privé des jouissances de la vie, cours dans la plaine obscure, viens trouver des consolations à ma cour brillante ; je te donnerai des palais dorés, des trésors inépuisables, et ton existence s’écoulera au sein du bonheur comme dans un paradis.

« Toi qui cours, exempt de désirs, dans la plaine solitaire, viens que je te couvre de mes rayons resplendissants ; la gloire de ton nom volera à la postérité et sera éternellement entourée d’un divin prestige.

« Toi qui, sans affection dans la vie, cours dans la plaine déserte, viens rehausser ton cœur au flambeau de l’amour ; ton âme et ton esprit éprouveront des jouissances divines au contact d’un cœur enflammé pour toi. »

Ému de ce chant harmonieux, je lançai mon coursier à la rencontre des trois ombres, mais tout à coup je les vis s’envoler dans le ciel.

Elles m’apparurent d’abord comme des aigles, puis comme des hirondelles, et puis comme de petites étoiles qui se perdirent parmi les astres.

Je m’éveillai de ce beau rêve qui m’enchantait… Hélas ! le grillon seul chantait dans le silence de la nuit !