Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/114

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en main, il avait pris déjà ses notes, était allé visiter avant son départ de Paris une forge, un atelier de chaîniste travaillant l’or, un lavoir de blanchisseuses. Enfin, pour faire parler les ouvriers, il s’était aussi livré à une étude préparatoire de linguistique ; même en dépouillant le « Dictionnaire de la langue verte, » de Delvau, il avait découvert son titre : l’Assommoir. Seulement, une chose qu’il n’avait pas encore, et sur laquelle il restait très perplexe, c’était le drame même du livre, c’est-à-dire le fil qui relierait ces divers documents, l’affabulation autour de laquelle il mettrait en œuvre, ses notes et ses souvenirs. En un mot, il ne « tenait pas encore son drame, » et cette pensée coupait court à son enthousiasme ; son front se rembrunissait soudain de l’expression soucieuse de l’homme qui cherche.

— II me faudrait quelque chose de très simple ! soupirait-il.

Devant nous, à perte de vue, les vagues au soleil faisaient danser des étincelles. Le ciel, au-dessus de nos têtes, se creusait tout bleu. Et, comme aucune nuée n’épaississait l’atmosphère, là-bas, entre la mer et le ciel, la ligne d’horizon s’arrondissait en une immense courbe, très nette.

— Tenez, me dit-il tout à coup en me désignant du doigt cette ligne d’horizon, il me faudrait trouver quelque chose comme cela… Quelque chose de tout à fait simple, une belle ligne allant tout droit… L’effet serait peut-être aussi très grand.