Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/155

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naturalisme, » le répétait fréquemment ; et ce fameux mot se trouva lancé. Ses ennemis le ramassèrent, voulurent le ridiculiser, s’escrimèrent contre. Du coup, le mot devint un drapeau, dans une bataille où le critique — je n’insisterai jamais trop — n’apportait rien qu’il n’eût déjà dit, en substance, dès 1860. On se souvient de tout ce tapage qui n’est pas près de se calmer. L’école naturaliste fut ainsi fondée, sans préméditation, grâce surtout aux aboiements de la critique, qui lança de la sorte le groupe d’écrivains qu’elle avait la prétention d’étouffer. Zola, pour sa part, s’est toujours défendu d’être chef d’école ; son attitude à cet égard n’a jamais varié ; et comme il le répète à satiété, il n’a jamais fait que constater, en critique, le mouvement même du siècle.

Il resta au Bien public, tant qu’exista ce journal, puis passa au Voltaire, lorsque celui-ci eût remplacé celui-là. Il y continua d’ailleurs la même besogne : jugeant les grands comme les petits avec une belle franchise, soulevant de temps à autre de profonds scandales dans la presse. Il jouissait d’une liberté absolue dans cette feuille, il y donnait une note toute personnelle et très différente de celle des autres rédacteurs. Au milieu de l’été 1880, il y eut pourtant une rupture entre lui et le directeur du Voltaire, rupture survenue à la suite d’un article où le critique avait eu la sincérité de dire toute sa pensée sur le cas du Gil Blas, qui reproduisit in extenso