J’ai, jusqu’ici, laissé de côté le Messager de l’Europe, cette Revue de Saint-Pétersbourg, où il a publié, traduits en russe, de grands articles, dont quelques-uns firent tant de vacarme. Je vais me répéter une dernière fois ; mais, en vérité, je ne puis encore dire que les mêmes choses. Ce fut un besoin d’argent et un besoin de juger les hommes et les œuvres en toute sincérité, qui décidèrent notre critique à écrire dans un journal étranger. A ce moment-là, pas un journal à Paris — la littérature, bien plus qu’aujourd’hui, étant reléguée au second plan — n’eût consenti à lui prendre de longues études littéraires, comme il méditait d’en écrire. Même la suppression du Corsaire, à la suite d’un de ses articles : le Lendemain de la crise, le faisait regarder alors comme un journaliste très dangereux. Ce fut donc son ami, le grand romancier russe, Ivan Tourguéneff, qui lui dit un jour : « Mais puisqu’on ne veut pas de vous en France, désirez-vous que je vous trouve, en Russie, une correspondance mensuelle ? » Il accepta.
Alors, le mois suivant, en 1875, commença la campagne du Messager de l’Europe. Zola, naturellement, y défendit, et dans des cadres beaucoup plus larges, les idées qu’il avait défendues à Paris. Certains mois d’ailleurs, pour varier, il donnait des nouvelles, des études sociales, même des fantaisies, de simples chroniques. L’étude qui eut le plus de retentissement, fut la fameuse étude : Les romanciers