Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/169

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qui, depuis la publication de l’Assommoir, a été réimprimé et relu. Car c’est un privilège des chefs-d’œuvre de mettre en honneur même les œuvre médiocres dont ils sont sortis. »

Ces pages sont excellentes. Mais elles restent un peu confuses pour ceux qui connaissent plus à fond la méthode de travail de Zola. Je vais donc donner ici la façon précise dont il forme le dossier d’un roman.

D’abord, ce qu’il appelle « l’Ébauche. » Il a choisi son Rougon ou son Macquart, il sait dans quel milieu il veut le mettre ; et il connaît l’idée générale ou mieux la pensée philosophique qui doit régir le roman. Alors, la plume à la main, il cause avec lui-même sur son personnage. Il cherche des figures secondaires déterminées par le milieu. Il tâche de nouer quelques premiers faits, que lui donne la logique des milieux et des personnages. En un mot, il débrouille ses idées et arrête un sujet. Mais tout cela reste encore tirés vague.

Après avoir mis « l’Ébauche » dans une chemise, il passe à ce qu’il appelle « les Personnages. » C’est, à proprement parler, l’état civil des divers personnages. Il reprend chacun de ceux qu’il a trouvés, en écrivant l’Ébauche, et lui dresse des actes : histoire, âge, santé, aspect physique, tempérament, caractère, habitudes, alliances, etc. En un mot, tous les faits de la vie. Nouvelle chemise, naturellement.

Passant ensuite au milieu, il va prendre des notes