Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/171

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ne l’obtient que peu à peu, par couches successives. C’est d’abord « l’Ébauche » qu’il dépouille pour reporter à sa place chacun des faits principaux. Ce sont ensuite « les Personnages » qu’il répartit de la même façon : ici, le portrait physique de tel personnage ; là, un trait saillant de son caractère ; plus loin, les changements amenés par les faits dans le tempérament de tel autre ; plus loin encore, l’état d’âme décisif où il a voulu le conduire. Et il dépouille ainsi chaque dossier. Tout doit entrer peu à peu, et à la place précise : le quartier, la maison les lieux des grandes scènes. Non pas en bloc, certes ! mais espacé, balancé, distribué, selon les exigences du récit et le besoin des situations.

Voilà donc le plan enfin arrêté dans ses grandes lignes. Seulement, tout cela n’est encore que dégrossi. Dans chaque chapitre, les matières qu’il doit contenir sont un peu jetées à la pelle, au hasard du dépouillement des dossiers partiels. Aussi, avant de se mettre à écrire se trouve-t-il forcé, chaque fois qu’il aborde un nouveau chapitre, de refaire ce qu’il appelle un « plan définitif. » C’est-à-dire qu’il prend, dans le plan primitif, toutes les notes amassées et qu’il les combine, les met en œuvre dans l’ordre nécessité par la déduction des chapitres déjà écrits et par l’effet littéraire qu’il veut tirer du chapitre à écrire. C’est un peu, alors, comme s’il arrêtait la mise au point et la marche d’un acte de drame, dont il n’aurait réuni d’abord que les matériaux.