Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/24

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sa première communion. Je me charge de tout… Donnez-moi jusqu’à demain. » Et, son chapeau sur la tête, l’active vieille femme trottait déjà, en quête d’un pensionnat.

Le lendemain même, Émile entrait a la « pension Notre-Dame, » tenue par M. Isoard. Pension bien modeste, qui existe encore à Aix. J’ignore le nom du successeur de M. Isoard, qui continue à donner l’instruction primaire aux enfants de la petite bourgeoisie de la ville. Mais, à mon dernier voyage à Aix, je me souviens d’avoir passé devant le pensionnat Notre-Dame. Un brouhaha joyeux de gamins en recréation venait jusqu’à moi. Et je me suis demandé si, dans quelque trente ans d’ici, un autre de ces jeunes élèves saperait à son tour les croyances artistiques d’aujourd’hui et nous traiterait de ganaches, nous autres naturalistes.

Émile Zola passa cinq ans, de sept à douze, sous la férule peu redoutable de ce premier père intellectuel. À sept ans, il s’entêtait à ne pas savoir ses lettres, et M. Isoard devait le prendre tout seul, au fond de son cabinet, où il lui apprit enfin à lire, dans un exemplaire des fables de La Fontaine. Ce furent encore cinq belles années. Il restait aussi libre que par le passé, courant quand il voulait dans le jardin, grimpant aux arbres, pétrissant le sable et la terre à sa guise, manquant la pension, si ça ne lui disait pas d’y aller. Le fameux système : « Il ne faut pas le contrarier ! » était toujours pratiqué. Même,