La lampe manque d’huile, en son vase elle expire :
Par la messe ! vraiment, je ne voyais pas clair.
Mais j’en rirai longtemps : la curieuse chose,
C’est mon ami Marco qui se trouve avec Rose !
Le malheureux poussait des rires déchirants,
Rires affreux, pareils aux grincements de dents.
— Voyez, ajouta-t-il, quelle belle équipée !
Contre mon bon Marco, j’allais tirer l’épée.
Sans doute il a prévu que je voulais le voir ;
Et ma Rose a prêté sa couche pour ce soir.
Tous deux auront soupé, fatigués de m’attendre,
Et, pour m’attendre encore, ils se seront couchés.
Quand Rosita buvait, je la trouvais fort tendre ;
Puis, c’est avec Marco, le moindre des péchés.
Il m’a sauvé la vie, il peut me la reprendre.
Ma mie, en bonne enfant, veut l’en récompenser ;
Et j’aurais dû plus tôt la lui faire embrasser.
Je voulais les tuer : pourquoi, je le demande ?
Ma colère et mes pleurs vraiment me font pitié.
J’ai vécu de leur vie, et puis j’ai l’âme grande :
Moi, je crois à l’amour ainsi qu’à l’amitié.
Et l’insensé jeta son glaive sur la terre.
Il riait, regardant par un trou du rideau ;
Puis, tournoyant soudain, égratignant la pierre,
Hagard, il s’affaissa mourant sur le carreau.
Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/260
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.