Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/266

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Et, ses petites mains jointes sur la poitrine,
Dans un élan d’amour, la vision divine
Flottait et s’élevait vers une étoile d’or,
Lentement, comme on berce un enfant qui s’endort.

Ah ! blonde vision, ma sœur, ma bien-aimée,
Rose de mon sentier, éclose et parfumée,
Toi que toujours je nomme, ainsi qu’au premier jour,
Ma blanche Aérienne et ma vierge d’amour !
Ce nom fait naître encore, en vibrant sur ma lyre,
À ma lèvre brûlante un paisible sourire.
Le temps est donc venu d’effeuiller nos bleuets
Et d’épancher à tous nos amoureux secrets.
Il me faut donc jeter à la foule railleuse
Ton âme, ô chaste sœur, aimante et généreuse,
Et ce beau rêve d’or que, la main dans la main,
Nous fîmes, certain soir, sur le bord du chemin.
Ô Muse insatiable, amère et douce amie
Qui berce dans tes bras la douleur endormie,
Qui console le cœur en chantant ses vingt ans,
Et prostitue ainsi les fleurs de son printemps !
À la foule laissons tomber, pâle et brisée,
La fleur que, dans nos jeux, nos mains auront froissée.
Qu’importe qu’elle glisse à l’abîme commun,
Quand j’aurai d’un baiser pris son dernier parfum !

Les vents du soir jouaient, soupirs mélancoliques,
Tièdes et languissants, dans les ormes antiques,