Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/267

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Et leur souffle apportait du rivage voisin
Par moments une odeur de lavande et de thym.
Je suivais lentement la vision chérie,
Perdu dans une longue et douce rêverie.
Je sentais, sous les feux de cette nuit d’été,
Les champs autour de moi frémir de volupté.
Ces brises, ces parfums, cette lueur douteuse
Que la lune épanchait, pâlissante et rêveuse.
Cet univers entier vaguement soupirait
Des chants mystérieux que mon cœur comprenait ;
Et, croyant voir encore onduler l’inconnue,
Je la pensais toujours une enfant de la nue,
Quand un rayon glissa sur son front, et soudain,
Près de quitter la terre en un baiser divin,
Je vis des pleurs trembler à sa longue paupière.
À ce tribut fatal de l’humaine misère,
Mes songes vers le ciel s’enfuirent en pleurant,
Et l’ange ne fut plus qu’une mortelle enfant.
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II


Chaque soir, je venais, depuis cette soirée
Où, vague, à mon regard elle s’était montrée,