Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/269

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Et, frémissant d’amour, je m’approchai soudain
Et, brûlante, posai ma bouche sur sa main.
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LE POÈTE

J’ai tenté vainement aux voûtes éternelles
De maintenir le vol de mes fragiles ailes,
Et je suis retombé, de rayons ébloui,
N’ayant plus que l’amour d’un enfant de la nuit.
Tel est notre destin. Mais ces pâles ivresses,
Ces reflets affaiblis des divines tendresses,
Malgré leurs deux écueils, le songe et le réel,
Sont encor les reflets les plus puissants du ciel,
Et l’éclair, étranger à l’humanité sombre,
Qui nous révèle un Dieu quand il luit dans notre ombre.
Oh ! laisse donc ma lèvre à ta lèvre s’unir !
Laisse-moi sur ton sein épuiser le désir !
Privés des ailes d’or des célestes phalanges,
Aimons-nous en humains et non comme des anges ;
Et ne pouvant errer aux mers de l’infini,
Sur un tremblant rameau viens bâtir notre nid.
Viens rire et sangloter, aimer sous la charmille,
Ainsi que fit ta mère et que fera ta fille ;
Viens obéir au Maître et verser à ton tour
Ta parcelle de vie au souffle de l’amour.
Se penchant tristement vers nous, ce divin Maître