Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De la soif de nos cœurs aura pitié peut-être.
Relevant l’anathème à la femme jeté,
Qui veut l’amour du corps pour le fruit enfanté,
Et sans doute apaisant nos idéales fièvres,
Il fera rencontrer nos âmes sur nos lèvres.
Ah ! ce baiser des cœurs, ce long baiser de feu
Que cherchent vainement les âmes loin de Dieu !

L’AÉRIENNE

Mon frère, refusons le funeste délire
Que la fatalité fait naître d’un sourire ;
Refusons cet amour, pauvre fils du hasard,
Ayant pour tout soutien l’échange d’un regard.
Gardons-nous qu’il soit dit que le corps nous entraîne ;
Gardons-nous de vider d’un trait la coupe pleine,
Sans chercher à savoir ce que garde le fond
Et si le vase d’or est petit ou profond.
Ne jouons pas ainsi nos pleurs à la légère.
Avant de nous unir, connaissons-nous, mon frère,
Si nous ne voulons point, sur les pas de chacun,
Marcher et sangloter du martyre commun.

LE POÈTE

Je t’ai vue, ô ma sœur, et mon âme blessée
Perdit le souvenir de la douleur passée,