Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/280

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Vois-tu, sur son beau front, la lumière des cierges
Se jouer et former l’auréole des saints.

Oh ! sois ma Beatrix, vierge aux pudiques voiles ;
Descends, viens d’ici-bas arracher ton amant ;
Et, le front couronné de rayons et d’étoiles,
Quittons ce vil limon pour le bleu firmament.

Dans notre élan sacré, montons, montons encore !
Dépassons les soleils, atteignons l’infini !
Qu’en toi de plus en plus l’amour qui te dévore
Resplendisse, et qu’au seuil de l’éternelle aurore,
Tu me jettes à Dieu, palpitant, ébloui ! —

Reste donc, ô Paolo, sous les divins portiques.
Tu peux prier ici, prier à deux genoux ;
Et ton encens à Dieu semblera le plus doux.
Arrière le soudard, sur les dalles antiques,
Qui, riant, fait sonner son bruyant éperon,
Qui jette effrontément à ces vierges pudiques
Ses obscènes lazzi, ses rires de démon !
Arrière le damné, le cavalier infâme,
Ivre, qui se trompant, prend la maison de Dieu
Pour l’ignoble boudoir de quelque mauvais lieu,
Et vient traîner son corps dans le temple de l’âme !
Mais toi, mon doux enfant, qui dans l’ombre ne veux
Que l’adorer de loin, toi dont l’âme est si pure,