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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/299

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Pour faire un seul instant sourire deux beaux yeux,
Ô mon humble bouquet, c’est qu’il est par le monde
Un cœur que je préfère au doux cœur d’une blonde,
Un tendre et noble cœur sur lequel aujourd’hui
Je vous mets, pour distraire un instant son ennui.
Allez vers mon ami, car sa mâle poitrine
Est préférable aux seins d’une gorge enfantine,
Et vous brillerez mieux sur son noir vêtement
Que parmi les bijoux d’un corsage charmant.

Mais où suis-je, bon Dieu ! Je viens de me relire,
Et ces vers, commencés par un éclat de rire,
Se terminent, fleuris, par un plaintif accord,
Comme un flot apaisé qui vient baiser le bord.
Insensé ! je voulais railler la poésie,
Et je reprends bientôt ma chère rêverie ;
Moi qui voulais, ce soir, être sage et prudent,
Voici que je me perds dans la nue en montant.
Pardon, mon vieil ami, si ma cervelle folle
S’égare et prend toujours le chemin de l’école ;
Pardon, si je n’ai pu te distraire un moment,
Me faire mieux comprendre et parler sagement.


Lycée Saint-Louis, 1858.