Le vis-tu tressaillir comme une femme enceinte,
Et, sanglotant d’amour, d’amertume et de crainte,
Éperdu, voulut-il, sous ta divine main,
Mettre au monde l’enfant palpitant dans son sein ?
Ne fis-tu que céder, Opérateur sublime,
À ces frémissements s’élevant de l’abîme ?
Passagère faiblesse, hélas ! d’un Dieu trop bon !
Oui, tu ne pus sans doute épurer ce limon,
Ce marais corrompu dans une nuit profonde ;
Et, selon son désir, le misérable monde,
Ainsi qu’un marbre impur sous un ciseau divin,
Vicieux et souillé, traîné par le chemin,
Mais portant à son front l’empreinte du génie,
De ta main, s’élança dans sa route infinie.
Et toi, Maître, penché, tu le regardas fuir.
Ton esprit prévoyant déroula l’avenir,
Et tu pleuras sur lui, contemplant ce mélange
De rayons éclatants et de honteuse fange,
Ces êtres, grands par toi, mais par eux si petits.
Tu pleuras, Créateur, et tu te repentis !
Hélas ! ce ne fut pas au désir des matières,
Nous dit-on, que ton souffle anima nos poussières.
Le chaos endormi n’élevait pas la voix
Et ne réclamait pas l’empreinte de tes doigts.
Tu t’ennuyas un jour d’un trône solitaire ;
Pour temple, tu créas les astres et la terre ;
Et, pour qu’un vain objet se courbât devant toi,
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