Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/56

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tout Paris. Cézanne était arrivé de Provence pour faire de la peinture. Les deux amis jetaient sur la terrasse une large paillasse, où ils passèrent bien des nuits d’été à causer peinture et littérature, sous les étoiles. Quelquefois, pour mieux voir ce Paris qu’il s’agissait de conquérir, grimpant avec une échelle, ils allaient s’asseoir tous les deux sur le toit du septième. C’est dans ce logement que furent écrits le Carnet de danse, un des premiers contes à Ninon, et un grand poème à la Musset : Paolo. L’année précédente, à Aix, entre les deux épreuves infructueuses du baccalauréat, le candidat malheureux s’était consolé en composant un premier poème : Rodolpho. Plus jeune encore, il avait écrit sur les bancs du lycée Saint-Louis : la Fée amoureuse, le plus ancien des contes.

D’octobre 1800 à avril 186l, Zola demeura rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont, seul pour la première fois : sa mère vivait alors dans une pension bourgeoise. La chambre qu’il occupait était un belvédère, une sorte de cage vitrée, posée sur le toit, et qu’on disait, dans la maison, avoir été habitée par Bernardin de Saint-Pierre. Il composa là un troisième grand poème : l’Aérienne, titre qu’on aurait dit inspiré par ce logement, où tous les vents du ciel couraient librement, d’une fenêtre à l’autre. Non seulement pas de feu, mais pas même de cheminée ! Il est neuf heures du matin, en hiver ; au dehors, un froid terrible, la neige, une bise glacée, le givre étoilant les