Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/73

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votre sort. » La rubrique adoptée fut celle-ci : « Livres d’aujourd’hui et de demain. » Voilà un véritable rédacteur en chef ! Et je recommande son exemple aux inintelligents spéculateurs, qui, vingt ans après, veulent jouer les Villemessant, à la tête des grands journaux républicains ou autres.

Sorti de chez Hachette le 31 janvier, Émile Zola débuta donc à l’Événement, dans le numéro du 2 février 1866. La moitié du mois n’était pas écoulée, que M. de Villemessant lui avait déjà adressé des félicitations. A la fin du mois, Zola passe à la caisse, sans savoir encore à combien l’on avait fixé ses appointements. Le caissier lui remet cinq cents francs. Éblouissement du jeune journaliste ! Cinq cents francs, songez donc ! Jamais de sa vie encore, il n’avait touché à la fois une pareille somme. Comme il est doux à recevoir, ce premier argent que rapporte la littérature. On s’est donné quelquefois un mal de chien pour le gagner, et il semble qu’on ne vous le devait pas : c’est comme une alouette toute rôtie qui vous tomberait du ciel !

M. de Villemessant fut même si content des articles : « les Livres d’aujourd’hui et de demain, » qu’il n’hésita pas à confier le Salon à Zola. Celui-ci prit pour titre : « Mon Salon, » et consacra son premier article à une étude des membres du jury. L’émotion fut immédiate et extraordinaire parmi les artistes. A chacun des articles suivants, le scandale ne fit qu’augmenter. On se demandait quel. pouvait être