Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/9

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accomplit une espèce de « tour d’Europe. » D’abord, en Allemagne. Il coopère, comme ingénieur, à la construction d’un des premiers chemins de fer allemands. De l’Allemagne, il passe en Hollande ; puis, en Angleterre. Après 1830, le voici en France, ou plutôt, non ! pas encore en France ! mais en Algérie, où, redevenu militaire, il sert comme capitaine dans la légion étrangère. Enfin, après le licenciement de cette légion, il quitte l’Algérie et débarque à Marseille.

Dans cette ville, le Vénitien, qui n’avait pu s’acclimater au milieu des brumes de la Hollande, ni sous le brouillard perpétuel de Londres, se plut tout de suite. La Cannebière avec ses cafés et ses passants de toutes les nations, les allées de Meilhan ombragée de platanes, la rue Saint-Ferréol avec l’élégance parisienne de ses grands magasins, devaient le séduire. Tout cela bruyant, éclatant de couleurs claires, gai de cette gaieté méridionale des villes où la vie se passe en plein air ; et il n’était pas jusqu’au provençal, dont les syllabes chantantes ne lui rappelaient le parler maternel. Il se crut sans doute retourné dans sa patrie, mais dans une patrie plus vivante, non engourdie comme l’autre sous le joug de l’étranger, dans une atmosphère de commerce, d’industrie, de grandes affaires, où son activité, jusque-là errante et inquiète, allait enfin trouver à s’exercer. Il ouvrit donc à Marseille un cabinet d’ingénieur civil.