Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/91

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de romancier, d’en chasser l’imprévu, l’argent lui-même, la question d’argent, le poussa à entreprendre les Rougon-Macquart. Toujours sur le qui-vive, sorti de la misère, mais connaissant encore la gêne, il s’était dit depuis longtemps qu’une rente mensuelle de cinq cents francs, assurée par quelque éditeur, le mettrait à l’abri du souci et de l’incertitude. Pour traiter sur ces bases, il fallait s’engager pour une suite de romans.

Résolu donc à tenter cette série, vers laquelle tout le poussait et qui arriverait après un grand précédent, unique dans la littérature contemporaine : la Comédie humaine de Balzac, Zola se dit qu’il ne fallait rien remettre au hasard, ni tenter à la légère. L’idée de la Comédie humaine n’était venue à Balzac qu’après coup, et lorsqu’une partie de ses admirables romans était déjà écrite. Aussi, les diverses œuvres n’ont entre elles d’autres attaches que le titre général et les noms de certains comparses déjà présentés dans les œuvres précédentes, revenant, servant à peupler les divers épisodes. Zola, lui, se demanda quelle aide pouvait lui apporter le lien d’une application des règles de l’hérédité, dans l’étude des personnages principaux. De là à les prendre tous parmi les membres d’une même famille, il n’y avait qu’un pas ; et l’idée était trouvée, sa série raconterait « l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ; » Partant delà, il se mit à l’œuvre. Pendant huit mois, fin de 1868, commencement de 1869, il