Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/99

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Pour berceau à la famille dont il allait raconter « l’histoire naturelle et sociale, » l’auteur a inventé une ville : Plassans. Plassans, c’est Aix en Provence arrangé. Les noms des villages, à travers lesquels se promène l’insurrection, sont aussi inventés. Cela provient de ce qu’à cette époque, il n’avait ni les loisirs ni l’argent nécessaires pour aller revivre quelques jours en Provence et y prendre des notes. En outre, quelques timidités de romancier jeune, la crainte de passer pour avoir voulu faire certaines personnalités sur les habitants d’une ville où il avait conservé des relations, contribuèrent à le décider en faveur de ce nom fictif de Plassans. Je suis sûr qu’aujourd’hui il nommerait carrément Aix. Les détails sur l’insurrection en Provence ont été pris par lui dans l’Histoire du coup d’État, de M. Ténot. Et, particularité, assez curieuse, le roman qui se passe au commencement du second Empire, a été interrompu, dans le journal le Siècle, par la guerre et par la chute de cet Empire. Outre les angoisses patriotiques qu’il put éprouver pendant le siège de Paris, Zola passa plusieurs mois dans une angoisse littéraire. Songez donc ! le Siècle lui avait perdu tout le dernier chapitre ! Démembrement tout aussi douloureux, pour un artiste, que celui de l’Alsace et de la Lorraine ! Deux provinces perdues peuvent se reconquérir, tandis qu’un grand chapitre anéanti ne sera jamais refait tel qu’il était. Rentré à Paris, le premier soin de Zola fut de courir à l’imprimerie du Siècle.